59,4 % des professionnel les de l'éducation du préscolaire et primaire constatent que le réseau scolaire est plus violent qu'il y a 5 ans, alors que plus d'un membre du personnel sur deux fait le même constat pour l'ensemble du réseau.
C'est ce qui ressort d'un sondage mené auprès de 2 339 membres du personnel professionnel de l'éducation qui ont participé à un récent sondage de la Fédération des professionnelles et professionnels de l'éducation du Québec (FPPE), affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui tient son congrès triennal cette semaine, alors que 250 membres sont réunis à St-Hyacinthe.
Plusieurs participant.es au sondage notent en effet que les jeunes élèves fréquentant le préscolaire et le premier cycle du primaire manifestent de plus en plus des comportements agressifs, surtout des gestes physiques, envers le personnel : « Je remarque une plus grande violence chez nos petits de la maternelle, ce que je ne voyais pratiquement jamais avant la pandémie. »
La FPPE est d'avis qu'il faut agir à la fois sur les comportements agressifs des élèves et sur les effets de ceux-ci sur le personnel scolaire.
« Les actes violents commis par les élèves représentent souvent des réactions impulsives, des gestes défensifs ou agressifs qui sont des réponses inadaptées à des besoins non résolus ou à des frustrations qui ne portent pas une intention de blesser au préalable. En signifiant à l'élève le caractère inacceptable de son geste et en identifiant la source et la nature du comportement, il devient possible d'intervenir et d'agir tôt afin de prévenir et d'accompagner plus efficacement l'élève. On soulage ainsi sa détresse tout en protégeant les autres élèves ainsi que le personnel. Il est essentiel de promouvoir l'empathie, la tolérance et le respect », affirme Jacques Landry, président de la FPPE-CSQ.
Attirer et retenir du personnel professionnel pour prévenir la violence dans les milieux
Pour Jacques Landry, président de la FPPE (CSQ), ces résultats viennent réaffirmer l'importance d'agir tôt et en prévention auprès des plus jeunes élèves, pour intervenir positivement dans la poursuite de leur parcours scolaire : « Pensons au programme Passe-Partout qui a fait ses preuves, les professionnel les qui œuvrent à l'amélioration du climat scolaire, le soutien émotif et psycho-développemental offert aux élèves présentant des comportements agressifs, le travail en équipe multidisciplinaire qui permet de prévenir, d'identifier et de comprendre les besoins d'un élève, les solutions d'aménagements sécuritaires et sains proposées par le personnel des ressources matérielles. »
Appelées à commenter le sondage, bon nombre de personnes répondantes mentionnent le manque de temps, de ressources humaines et financières pour mieux agir sur la prévention de la violence et accompagner les milieux scolaires. Plusieurs soulignent que les interventions sont souvent réactives plutôt que proactives, et les suivis à la suite d'incidents sont jugés insuffisants.
« Les professionnel les souhaiteraient davantage faire une différence significative auprès des élèves et du personnel, mais ces actions ne sont possibles que si les ressources professionnelles sont présentes dans les établissements du réseau scolaire. Or, les plus récentes données du tableau de bord de l'éducation démontrent les difficultés persistantes à attirer et retenir le personnel professionnel dans le réseau scolaire, notamment chez les psychologues, les psychoéducateurs et les orthophonistes. La FPPE continue de proposer de nombreuses solutions au ministre de l'Éducation », poursuit Monsieur Landry.
Des solutions
Dans son rapport, la FPPE recommande en effet de renforcer la prévention en milieu scolaire par la création d'équipes multidisciplinaires, l'accompagnement du personnel, et la mise en place de mesures universelles dès la petite enfance. Elle propose aussi d'adapter les environnements scolaires pour favoriser un climat sécuritaire.
Elle souligne l'importance d'attirer et de retenir les professionnel les en valorisant leur expertise et en favorisant des conditions de travail collaboratives. Une meilleure compréhension du contexte des élèves permettrait d'intervenir plus efficacement et de manière proactive.
Enfin, la FPPE demande un environnement de travail sain et sécuritaire pour le personnel scolaire, incluant un meilleur soutien aux victimes de violence, un encadrement des élèves instigateurs et une collaboration accrue avec les services sociaux et de santé.
« Il y a de l'espoir pour le milieu scolaire, je refuse de baisser les bras. Le ministère de l'Éducation doit comprendre l'urgence d'agir maintenant pour attirer et retenir du personnel professionnel en milieu scolaire, pour protéger tous les élèves et l'ensemble du personnel », conclut Jacques Landry.
Faits saillants
L'enquête de la FPPE rapporte que pour l'ensemble du personnel professionnel, c'est une personne sur deux, soit 52,5 % des répondant es qui observent une hausse de la violence en milieu scolaire.
Près de la moitié des répondant es, soit 47 %, ont vécu de la violence verbale de la part des élèves dans les 6 derniers mois.
Quant aux autres formes de violence, il s'agit de près du tiers des professionnel les qui mentionnent avoir subi de la violence physique et psychologique, respectivement 29,5 % et 23,4 % commise par les élèves à leur endroit.
Enfin, 67 % des répondant es ont été témoins d'agressions de la part des élèves envers les membres du personnel enseignant ou de soutien scolaire depuis le mois d'octobre 2024.
Le sondage, mené entre le 3 et le 25 avril 2025 auprès de 2 339 professionnel les de l'éducation, a été réalisé en ligne à partir de l'outil de sondage SurveyMonkey. Le taux de participation est estimé à 18 % des membres de la FPPE (CSQ). Le rapport complet peut être consulté en cliquant ici.